Ma fromagère
Le dimanche matin, j'aime bien aller au marché.
J'achète des fruits, des légumes, du pain (un post sur mon boulanger du marché, à venir bientôt), et puis j'achète du fromage.
J'adore le fromage à un point que vous avez peine à imaginer. Je m'en collerais en intraveineuse si sa consommation n'était pas proportionnelle à l'effet boudinant qu'il ne manque pas de provoquer sur les hanches.
Je prends mon tour dans la file, et j'observe ma fromagère, la soixantaine, qui a pris longtemps un plaisir pervers à humilier les pauvres apprentis, filles ou garçons, qui se sont succédés des mois durant pour l'aider à servir sa nombreuse clientèle. Maintenant elle sert toute seule puisqu'elle les a tous épuisés.
Elle sourit très peu et conserve en permanence au coin des lèvres, un air dédaigneux, engueulant presque les clients qui ont l'audace de lui demander de couper une tranche plus fine de beaufort (vu le prix, on les comprend !).
J'échappe à ses foudres dans la mesure où je lui achète régulièrement un morceau de comté de réservation (36 mois) à se damner, ainsi qu'une bonne part de brie bien coulant qui auront disparu de mon réfrigérateur deux jours plus tard.
Je me souviens d'une jeune fille charmante et jolie (ce qui devait ajouter à son exaspération), qu'elle s'évertuait à reprendre sans cesse sur la manière de bien faire (ne pas couper comme ceci, remettre le film protecteur comme cela), tout en prenant à témoin ses clients d'un regard entendu.
Insupportable.
Ma fromagère est une connasse.
Mais elle vend le meilleur fromage que j'aie jamais mangé.
Choix cornélien.